BIO

 
Je suis né à Benghazi, en Libye, le 22 décembre 1937.

Ma famille paternelle y résidait, à ce que j'ai pu en savoir, depuis quatre ou cinq générations. Elle était de nationalité française, probablement par l'effet d'un senatus-consult - dont j'ignore les raisons et l'origine - puisque les juifs d'Afrique du Nord, et principalement d'Algérie, ne sont devenus français qu'après le Décret Crémieux de 1870. Elle n'était d'ailleurs pas la seule dans son cas en Libye, il y en avait d'autres. À part ce détail de nationalité, qui faisait cependant enregistrer tous les événements familiaux aux Consulats ou à l'Ambassade de France, ces familles n'entretenaient pratiquement aucun lien avec la France. La langue française était totalement ignorée et les hommes étaient dispensés du service militaire. Ma famille maternelle était autochtone et n'avait pas d'autre statut que celui d'indigène de l'Empire ottoman, statut qui ne changea d'ailleurs pas quand le pays fut colonisé en 1911 par l'Italie.

J'ai été le dixième enfant de mes parents. Je n’ai pas connu trois de ces enfants décédés en bas âge et mon père lui-même était mort deux mois avant ma naissance. Il y avait 17 ans de différence entre mon aîné et moi. Cet aîné, comme le suivant qui avait survécu et qui avait cinq ans de moins, avaient été scolarisés à mi-temps à l'école italienne et à mi-temps à l'école juive. Ils étaient, l'un et l'autre aussi bien italophone qu'hébréophone, mais ils parlaient entre eux, comme avec les autres, uniquement dans le dialecte judéo-arabe du cru, lequel constituera ma langue maternelle. 

Au début de l'été 1942, les autorités italiennes ont décidé de renvoyer à leurs pays d'origine les ressortissants des pays ennemis vivant sur leur territoires. C'est ainsi que les familles françaises de Libye ont été dirigées sur le territoire français le plus proche, l'Algérie, tout comme les familles anglaises ont été dirigées vers l'Égypte. Notre voyage a duré deux mois. Notre famille, avec deux autres, a été débarquée, par un effet du hasard, à Orléansville - qui, dans l'Algérie actuelle, porte le nom de Chleff. Nous sommes restés dans cette ville, où je suis allé à l'école primaire et au collège, jusqu'au 9 septembre 1954. Nous en sommes partis en raison de la survenue d'un tremblement de terre. La ville où nous avons trouvé à nous loger, Relizane, n'ayant pas de lycée, j'ai été pensionnaire en première et en terminale au lycée de Mostaganem. Scolarisé dès l'âge de cinq ans, je n'ai pas eu d'autre choix que d'acquérir le français et ma scolarité ne m'a posé aucun problème.Après le bac, je suis venu en France en 1956, à Besançon d'abord pour accomplir l'année propédeutique aux études de médecine (PCB), puis à Paris dès l'année suivante. Ma famille m'a rejoint au moment de son rapatriement en 1962.

Une année après la fin de mes études, en 1966, j'ai ouvert un cabinet de pédiatre dans le treizième arrondissement. J'ai accompli toute ma carrière dans le même quartier de cet arrondissement et j'ai pris ma retraite le fin décembre 2002. Dès 1967, je me suis intégré à un Groupe Balint qui se réunissait à l'Hôpital des Enfants Malades, dans le service du Professeur Royer, sous la direction de Ginette Raimbault. Ce groupe a fonctionné jusqu'en 1972 - avec des visites régulières de Michaël Balint lui-même - et s'est arrêté à la publication aux Éditions du Seuil, d'un ouvrage collectif, « Médecins d'enfants », paru sous la signature de Ginette Raimbault, dans lequel il rapportait son expérience. Ce travail a considérablement modifié les conditions de mon exercice professionnel. Aussi ai-je éprouvé le besoin de le parachever par une psychanalyse personnelle - avec un analyste de l'École freudienne de Paris - que j'ai débutée en 1973 et que j'ai poursuivie jusqu'en 1980. La traversée de cette psychanalyse m'a conduit à m'intéresser de près à différentes Sciences humaines, à fréquenter différentes institutions, à travailler avec différentes équipes spécialisées et à parfaire ma culture dans tous les domaines possibles. Elle a également suscité en moi, pendant quelques années, la question de savoir si je n'allais pas cesser d'être pédiatre pour devenir psychanalyste. J'ai finalement choisi de rester pédiatre et de faire de mon cabinet un terrain de recherche. C'est ce qui m'a incité à écrire et à publier des ouvrages, tous destinés à aider les parents d'un enfant dans leur aventure de parents, la plus difficile et la plus passionnante aventure que puisse vivre un être humain. Je précise, à ce propos, que mon épouse et moi-même avons eu trois enfants : un garçon et deux filles.